Partenaire du Festival international de journalisme, le FIL organisait les 12 et 13 juillet à Couthures-sur-Garonne deux rencontres autour de l’info locale. Et notamment une table ronde autour des relations parfois crispées entre élus et médias locaux. Gaël Cérez, rédacteur en chef de Mediacités Toulouse, Hugo Soutra, journaliste au Courrier des maires et Pierre Hurmic, maire de Bordeaux ont participé à cet échange animé par Valérie Bridard, membre de Ouest Médialab. Voici quelques citations à retenir :
La dégradation des relations
Pour Hugo Soutra, “d’un côté des journalistes surjouent parfois la critique pour affirmer leur autonomie, et de l’autre côté, beaucoup d’élus refusent le contradictoire et veulent magnifier leur action, n’étant pas aptes à recevoir la critique d’un journaliste.” Gaël Cerez témoigne quant à lui des relations tendues avec le maire de Toulouse, après la publication d’enquêtes le mettant en cause. “Au début, je travaillais dans la presse économique et on est assez inoffensif dans ces cas-là. Puis, à partir du moment où j’ai commencé à travailler pour Mediacités, ce n’était plus du tout la même chose. On est arrivé à un point proche de la haine de sa part”, souligne-t-il.
Des procès en diffamation
Gaël Cérez a rappelé que le média d’investigation qui compte 4 éditions locales, a fait face à une vingtaine de procès en diffamation, n’en perdant qu’un sur une “broutille”. Cependant, ces procédures “engagent des milliers d’euros, prennent du temps, et en cas de diffamation, la mise en examen des journalistes est automatique”. À l’inverse, il rappelle que les élus peuvent voter la “protection fonctionnelle” qui permet à la collectivité de prendre en charge leur frais d’avocat. “De fait, ils peuvent se permettre des procédures longues contre nous.”
La course aux audiences pointée par les élus
Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, n’a jamais engagé de procédure en diffamation contre des élus d’opposition ou la presse. Il déplore cependant la tendance des médias à “s’engouffrer un peu derrière les polémiques”, citant en exemple la controverse autour de la suppression du sapin de Noël à Bordeaux. “Quand vous êtes maire, parfois vous prenez des décisions difficiles, que vous savez controversées. Mais quand vous voyez dans la presse locale le lendemain ‘le maire ouvre une nouvelle polémique’, je trouve que ce sont des raccourcis qui ne sont pas forcément dignes d’un travail journalistique. […] On préfère la superficialité de l’écume à la force de la vague. Et quand vous êtes élu, je vous promets que vous le vivez douloureusement.”
Les liens économiques
Hugo Soutra, journaliste au Courrier des maires qui a travaillé sur la relation élus/médias, souligne également la fragilité des médias locaux qui peut peser dans la balance. “Il est plus compliqué de sortir une info qui dérange sans se faire menacer de se faire couper la publicité ou les annonces légales. On l’a vu à Lyon avec Gérard Collomb qui menaçait Le Progrès de couper les budgets publicitaires quand des infos lui déplaisaient.”