Trois questions à Faten Dubarry, Directrice des partenariats News pour la France, le Moyen-Orient et l’Afrique chez Google, partenaire du FIL 2025.
Quel est l'engagement de Google envers l'industrie de l'information, et plus particulièrement la presse locale ?
« Notre engagement envers la presse est profond. Il est fortement lié à la mission de Google qui est de rendre l’information accessible et utile à tous, ce qui se traduit notamment par la mise en avant d’une production journalistique riche et multiple. Nous sommes convaincus qu’un écosystème de l’information pluriel et économiquement viable est une pierre angulaire de nos démocraties.
Notre relation avec les éditeurs n’est pas une relation de compétition, mais bien une relation symbiotique. Concrètement, notre soutien se matérialise de plusieurs manières. D’abord, en envoyant un trafic qualifié vers les sites des éditeurs — plus de 24 milliards de clics par an dans le monde — offrant autant d’opportunités de fidéliser une audience. Ensuite, nous travaillons main dans la main avec les éditeurs qui le souhaitent pour les accompagner dans la monétisation de cette audience, notamment grâce à nos solutions publicitaires. Enfin, via des programmes comme Google News Initiative, nous les accompagnons avec des solutions technologiques pour les aider à produire efficacement du contenu, diversifier leurs audiences, développer leurs abonnements numériques, notamment avec Reader Revenue Manager, spécialement créé pour les éditeurs de presse. Alors que d’autres entreprises technologiques se désengagent, nous réaffirmons notre détermination à soutenir cet écosystème, y compris dans le contexte de l’intelligence artificielle. »
Comment les lecteurs, et en particulier les jeunes audiences, consomment-ils l'information aujourd'hui ? Et comment Google innove pour s'adapter à ces évolutions ?
« La consommation de l’information a profondément changé, surtout chez les jeunes, avec un glissement des médias traditionnels vers les plateformes sociales et la vidéo. Le rapport 2025 du Reuters Institute illustre cette tendance en France : dans un contexte de confiance dans les médias historiquement basse (29 %), l’usage de YouTube, Instagram ou TikTok pour s’informer s’accélère. Le succès de formats explicatifs, comme ceux de HugoDécrypte sur YouTube, montre une demande forte des jeunes pour un contenu journalistique direct et accessible.
Face à cette fragmentation, notre philosophie est de placer l’utilisateur au centre. Nous savons que l’accès à l’information fiable est un parcours, non une destination. Notre innovation consiste donc à proposer des sources de qualité là où les utilisateurs se trouvent. C’est pourquoi nous agissons sur l’ensemble de nos produits – la Recherche Google, Gemini, Google Actualités, Discover ou YouTube. Nos systèmes sont continuellement mis à jour pour mieux identifier les sources qui font autorité et offrir une plus grande diversité de perspectives.
Nous avons ainsi fait évoluer notre moteur de recherche avec une fonctionnalité appelée AI Overviews qui affiche, pour certaines requêtes, un résumé généré par IA. Cette fonctionnalité a été lancée dans plus de 200 pays et est très appréciée par nos utilisateurs. Celle-ci n’est pas encore disponible en France. »
Comment Google aide-t-il concrètement les éditeurs de presse concernant l'intelligence artificielle ?
« Notre conviction est que l’IA doit être un levier pour renforcer le journalisme, non le remplacer. L’objectif est de permettre aux journalistes de se concentrer sur leur cœur de métier : l’enquête, l’analyse et le récit. Dans un monde où les contenus sont plus facilement générés, le rôle de la supervision éditoriale et de la vérification par des experts devient encore plus crucial.
Concrètement, nous mettons à disposition des outils qui augmentent la productivité des rédactions : des produits comme Gemini ou NotebookLM peuvent aider à organiser des notes de recherche ou à synthétiser des rapports. Nous collaborons activement avec des rédactions en France qui testent ces outils pour leurs enquêtes au long cours. D’autres outils, comme Pinpoint, utilisent l’IA pour permettre aux journalistes d’investigation de trouver une information précise au sein de milliers de documents. Nous explorons aussi l’IA pour la création de nouveaux formats, comme la production vidéo avec notre modèle Veo 3 qui permet de générer des vidéos de haute qualité, enrichies de bruits de fond ou d’effets sonores. »
