149. Pépites Magazine, un mag périurbain gratuit et rentable

Vendredi 12 avril, Ouest Médialab organisait une table ronde sur les nouveaux médias imprimés nantais lors du Forum Culture Presse à Nantes. Denis Audureau, fondateur de Pépites magazine y participait, aux côtés de Marie Le Douaran (Les Autres Possibles) et Solenn Cosotti (Étonnantes). Il a raconté comment ce semestriel, créé en 2017 dans le vignoble nantais, a réussi à se faire une place.

Format et ligne édito

Pépites couvre un territoire de 105 000 habitants et 27 communes en périphérie de Nantes. En lançant ce magazine, son objectif était de “faire découvrir le territoire du vignoble nantais autrement que par la viticulture”. On y retrouve des portraits et des reportages, mais aussi des bonnes adresses. “On veut semer de l’enthousiasme”. Pépites se veut également le partenaire de tous les événements du territoire.

Ayant commencé sa carrière dans l’imprimerie, Denis Audureau attache de l’importance au format papier. “On veut reconquérir des lecteurs, en leur proposant un beau support sur le fond comme sur la forme”. Pour chaque numéro de 64 pages, la couverture est ainsi travaillée “comme une oeuvre artistique”.

Coûts et revenus

Pépites est entièrement gratuit et imprimé à 20 000 exemplaires. 15 000 sont distribués en boîte aux lettres. 5 000 sont déposés dans 450 points du territoires, là où il y a des salles d’attente. “Cela permet aux annonceurs d’avoir le sentiment d’être vus un peu partout”.

Car l’unique source de revenus du média, ce sont les annonceurs. On y retrouve notamment des entreprises qui cherchent à recruter sur ce territoire dynamique. Ces partenaires se retrouvent également pour le lancement de chaque nouveau numéro, qui est l’occasion d’un événement festif.

Un numéro de Pépites Magazine coûte 60 000 euros à produire (environ 3 euros par exemplaire) et fait travailler une douzaine de collaborateurs. “Nous gagnons de l’argent, on le réinvestit et on se développe”.

Un concept à décliner

Pépites a commencé à investir le numérique en 2021 et accroît sa présence sur les réseaux sociaux. “Cela se conjugue complètement avec le mag. On y raconte d’autres histoires”. Pour la suite, Denis Audureau aimerait exporter son concept sur d’autres territoires périurbains qui n’ont pas encore de magazine qui valorisent les initiatives locales.

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13 projets inspirants

IA

Au Brésil, un programme d’accélération digitale a permis à deux médias locaux de proposer de nouveaux services à leurs lecteurs grâce à l’IA générative. Agência Tatu, média en ligne qui couvre le nord-est du pays, a ainsi développé un bot chargé de rédiger chaque semaine un article à partir des données sur les offres d’emplois dans la région, qui sont collectées automatiquement.

Sur le même sujet, comment les journalistes locaux appréhendent-ils l’arrivée de cette technologie ? En Suisse, le Journal de Morges a laissé la parole à quatre journalistes de sa rédaction pour donner aux lecteurs leurs point de vue sur les défis à venir autour de l’IA. L’occasion d’expliquer comment ils ont pu l’utiliser dans le journal, pour illustrer un article par exemple. 🤖

 

Datajournalisme

Wan-Ifra a annoncé les lauréats de ses Digital Media Awards. Parmi eux, le quotidien écossais The Courier and Press and Journal a reçu le prix de la meilleure datavisualisation en Europe. Ses journalistes se sont intéressés à la vacance des locaux commerciaux dans les centre-villes. Après un premier recensement réalisé en parcourant les rues, ils ont réussi à bâtir une base de données complète qu’ils ont pu décliner dans plusieurs éditions locales.

 

Récit interactif

À 100 jours du lancement des Jeux olympiques, La Nouvelle République a publié les deux applications interactives que le quotidien a développées avec des équipes pluridisciplinaires d’étudiants lors du HybLab 2024. Ces projets reviennent sur le parcours de la gymnaste Kaylia Nemour qui vise une médaille à Paris 2024.

 

Événementiel

Le groupe Centre France décline sa verticale dédiée au bien-être chez soi. Déjà présent sur le site de La Montagne et via un supplément, “Bien chez vous” va prendre la forme d’un événement en octobre. De son côté, le groupe Publihebdos via le Journal de l’Orne, organise un nouveau salon dédié à l’écomobilité en zone rurale.

L’événementiel est aussi un des piliers sur lesquels le Texas Tribune, pure player local à succès, a bâti sa réussite. Son fondateur et ancien CEO, Evan Smith, revient dans une interview sur le modèle de ce média non-profit. Pour lui, même si les événements ne permettent pas toujours de générer des résultats nets significatifs, ils restent bénéfiques pour les médias. “Cela permet de générer de nouvelles audiences, de nouveaux abonnements et de nouveaux partenariats”.

 

Distribution

Avec l’arrêt programmé d’un des acteurs clefs de la distribution de la presse territoriale, plusieurs collectivités se retrouvent en difficulté. Cap Com’ revient sur plusieurs initiatives pour y faire face. Par exemple, l’abonnement à la manière d’un titre de presse pour recevoir le bulletin dans sa boîte aux lettres. Ou encore l’abandon pur et simple du format imprimé pour le remplacer par une newsletter comme l’a fait par exemple la région Provence-Alpes-Côtes d’Azur.

 

Géoloc

Pour faire découvrir autrement son podcast dédié au patrimoine haut-savoyard, Globule Radio a développé avec la startup Karacal une appli de géolocalisation. Elle permet aux utilisateurs d’écouter les podcasts à proximité des lieux qu’ils parcourent. Ce projet associe la société d’autoroute ATMB et le blog Vivre en Haute-Savoie.

 

Radio

En Allemagne, le groupe de médias Funke a réuni ses 4 radios locales à Essen, où se situe son siège social. Ce rapprochement vise à renforcer les collaborations éditoriales et les échanges entre les antennes, et ainsi permettre aux journalistes locaux de bénéficier de plus de temps pour faire du reportage sur leurs zones respectives.

 

Transparence

Aux Etats-Unis, le média californien Calmatters a déployé une nouvelle plateforme pour informer sur la démocratie locale. Digital Democracy est une base de données qui rassemblent l’ensemble des prises de paroles des élus lors de réunions publiques, l’argent qu’ils ont touché, les votes et les lois qui ont été adoptées. Une couche d’IA a été ajoutée pour suggérer des idées de sujets aux journalistes du pure player à partir de ces données.

 

Au micro

L’ONG d’investigation bretonne Splann! se met au podcast avec le lancement de cinq séries qui permettent de revenir sur des enquêtes ou de les approfondir en français ou en breton. Ces projets ont été financés par les dons des lecteurs et par une aide de 15 000 euros accordé par la Redadeg, association qui promeut la langue bretonne.

 

Soutien

L’association Télénantes a annoncé les neuf lauréats de son fonds de soutien (160 000 euros). Le média d’investigation Mediacités va, par exemple, bénéficier de 5 000 euros pour développer une émission de débat TV. Ouest Médialab bénéficie également de 5 000 euros pour développer son projet de recensement des podcasts nantais.

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Outre-mer

L’hebdomadaire guyannais Mo News s’inquiète des difficultés des quotidiens d’outre-mer, alors que Le Quotidien de La Réunion vient d’être repris. Il rappelle que certains territoires n’en ont plus, comme La Guyane, qui compte uniquement des hebdos. Les Nouvelles de Mayotte produit un quotidien, mais celui-ci est diffusé uniquement en version numérique.

 

IA

Associated Press a publié un rapport sur l’utilisation de l’IA générative par les journalistes. Près de 300 professionnels ont été interrogés sur leurs usages de l’IA actuels et souhaités. 69,6% d’entre eux expliquent l’avoir utilisé pour de la production de texte, 21,5% pour de la collecte d’informations et 20,4% pour de la production multimédia.

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