151. Avec sa rubrique de fact-checking, Sud Ouest associe toute la rédaction

À l’occasion de la sortie du Manuel de désinfox réalisé par Ouest Médialab pour l’Alliance de la presse d’information générale, on vous propose de revenir sur l’un des projets mis en avant dans ce guide : la rubrique “Le Vrais du faux” de Sud Ouest.

Si on fait un vrai du faux, c’est pour y répondre”, explique Laurie Bosdecher, cheffe du service d’informations générales à Sud Ouest. C’est un engagement du journal : les journalistes se mettent dans la peau des lecteurs. La rubrique, qui trouve sa place sur le web et sur papier, se formule toujours sous forme de questions. La réponse n’est pas donnée d’emblée afin d’inciter la curiosité du lecteur et le faire cliquer sur le web. Mais elle apparaît toujours : vrai, faux ou vrai et faux. “Ne faisons pas croire qu’on va répondre à une question si on n’y arrive pas”, affirme Laurie Bosdecher. Dans l’idéal, les articles de cette rubrique doivent correspondre à la même construction didactique, sans trop de contrainte non plus, afin que les locales s’emparent de plus en plus de ce format.

Deux journalistes y contribuent en particulier, car ils sont plutôt sensibles à ce format et formés à la datanalyse, mais l’ensemble des journalistes peuvent y participer selon leur domaine. En moyenne, un journaliste passe au minimum 2 à 3 heures sur un vrai du faux.

Côté trafic, ce ne sont pas les meilleures audiences de Sud Ouest, mais ces articles affichent de bons résultats. L’audience est surtout liée au choix de questions qui concernent tout le monde, combiné à l’attractivité du format.

Au départ, un jour de publication hebdomadaire (le samedi) a permis d’imposer cette rubrique, avec l’inconvénient de donner un caractère un peu artificiel, comme un exercice imposé. Pour alimenter la rubrique régulièrement, les services de la rédaction sont donc souvent sollicités pour traiter une information nationale ou internationale sous forme de fact-checking. Depuis la nouvelle maquette en février 2024, la rubrique “le vrai du faux” est flottante, avec au moins une vérification par semaine.

Pour la suite, Sud Ouest aimerait décliner cette rubrique sous d’autres formes. “On pense qu’il y a un gros potentiel pour des vidéos avec des journalistes face caméra dans un format déclinable sur les réseaux sociaux, avec un bel habillage”, explique Laurie Bosdecher.

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8 projets inspirants

Vidéo 360

C’est le dernier-né du quotidien Le Télégramme et du Mensuel de Rennes. “À la Rennaise” propose un format vidéo immersif, tourné avec une caméra 360°. Tous les mois, le journaliste Julien Joly rencontre un artiste dans un bar de son choix pour une longue interview qui se veut à la fois intimiste et tournée vers la vie locale. Ce nouveau format est réalisé en partenariat avec l’office de tourisme Destination Rennes.

 

Pub locale et IA

Le site hyperlocal britannique MyLocal, fondé par l’équipe du média en ligne The Lincolnite, a lancé un outil d’intelligence artificielle à destination des annonceurs locaux. PromoAI offre la possibilité de générer des campagnes publicitaires ciblées, sans expertise en marketing.

 

Info pratique

Le quotidien suisse La Tribune de Genève a lancé une application web pour suivre en temps réel les travaux au sein de la ville. Une carte répertorie les chantiers en cours. Elle est mise à jour automatiquement chaque matin, à partir des données ouvertes du canton.

 

Distribution

Face aux enjeux actuels de distribution des magazines de collectivités, le Département de l’Aisne semble tirer son épingle du jeu. Depuis janvier 2023, le prix unitaire du magazine territorial est passé de 4,54 à 1,02 euros grâce à la mise en place d’un système d’abonnement. Après deux premiers numéros distribués à l’ensemble des habitants, les tirages suivants ont été limités aux seuls abonnés, faisant passer l’impression de 262 000 exemplaires à 11 000. Un an après, les équipes estiment que ce changement a permis de baisser les coûts et d’adopter une approche plus durable.

 

Non-lecteurs

Dans un paysage numérique changeant et instable, le média indépendant Texas Tribune s’est lancé un défi : trouver de nouvelles façons d’engager ses audiences et de séduire ceux qui ne le lisent pas. Pour cela, il mise sur les échanges physiques. C’est ainsi que des journalistes ont investi le terrain, poussant les portes des écoles, laveries automatiques, églises et autres points de rassemblement, pour distribuer leurs articles sous forme de carte postale ou de flyers. Une initiative du service audience et engagement détaillée dans cet article du Nieman Lab.

 

Climat

Le réseau CORRECTIV.Europe, qui défend un journalisme d’investigation local et collaboratif, a publié une série d’enquêtes sur “le coût et les conséquences de la pollution industrielle pour les populations locales à travers l’Europe”. Quatre médias français y ont participé. Parmi eux, Rue89 Strasbourg s’intéresse aux plus gros pollueurs industriels alsaciens, tandis que La Voix du Nord se concentre sur ArcelorMittal Dunkerque.

Toujours sur les enjeux climatiques, un nouveau numéro d’En quête de demain, le supplément des initiatives écologiques et sociales qui associe 52 titres de PQR et Sparknews, sortira le 5 juin. Pour cette 6e édition, la thématique est “Habiter demain nos territoires”.

 

Outremer

Depuis 2019, Boukan s’intéresse à l’actualité des Outremer. Alors que les territoires ultramarins font régulièrement la Une en métropole depuis quelques semaines, le média indépendant lance une nouvelle formule papier et annonce la refonte de son site internet. Pour accompagner la sortie de son 15e numéro, l’équipe demande le soutien de ses lecteurs et lance une campagne de financement participatif. Objectif : récolter 16 000 euros avant le 30 juin.

Ça peut aussi vous servir

PQR mon amour ?

Le rapport « Stayers and Leavers » du Centre pour l’innovation et la durabilité dans les médias locaux, révèle que les journalistes locaux aux Etats-Unis sont motivés par leur vocation, mais peinent à envisager une carrière à long terme dans la profession. En cause : les bas salaires, les horaires, le manque d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, une forte inquiétude quant à l’avenir de la presse locale et un haut niveau de burnout . Une majorité a également pointé le harcèlement en ligne et des conditions de travail difficiles. 600 journalistes ont été interrogés.

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