Délocaliser la rédaction, c’est aussi apprendre à travailler autrement
De Bucarest, Catalina Albeanu, responsable numérique de DoR (Decât o Revista) a raconté comment toute l’équipe s’est délocalisée, à 700 km, dans une petite ville et combien la méthode mise en place leur a apporté.
Basé à Bucarest, la capitale, DoR est un media indépendant, hebdomadaire édité en 5 000 exemplaires depuis 8 ans, centré sur l’humain, la culture et l’évolution de la société roumaine. Il pratique déjà des conférences de rédaction ouvertes aux lecteurs, conférences pour faire vivre les reportages jusqu’à 900 participants. L’équipe de DoR a organisé une pop up newsroom, une rédaction complètement décentralisée à 700 km de Bucarest, Tirgu mures, en Transylvanie. Avec l’ambition de ne pas être juste parachuté une semaine, mais de relever un vrai défi : sortir de la routine de la capitale et se remettre en question.
En une semaine, la rédaction a produit 26 reportages, 29 portraits, un print sur le village de Saschiz et 6 évènements. Les deux premiers jours ont permis de valider les idées de sujets avec la population. Les réunions ont eu lieu dans un café, avec la volonté de dialogue et de transparence sur la fabrication, les décisions.
Six étapes ont été identifiées, avec des tâches très précises sur la façon de faire du journalisme, de s’organiser pour le temps du reportage et sa mise en valeur, assigner des tâches – y compris non rédactionnelles – à chacun, s’adapter quand les choses ne se passent pas comme on aurait voulu. La dernière étape étant le débiefing. Ce type d’opération est un peu coûteux, malgré un partenariat pour prendre en charge l’hôtel et le transport en bus.
Malheureusement, l’approche des évènements a changé depuis la pandémie. Pour garder l’interaction avec les lecteurs que DoR avait créée avec ses abonnés, l’équipe a mis en place de newsletters, un slack, des ateliers avec questions.
La principale leçon tirée de cette délocalisation ? « Pour tout projet, il faut avoir des objectifs bien définis ».
Après cette expérience, DoR a choisi d’aller en Moldavie, dans une ville Vaslui, pour vérifier si les infos toujours extrêmes provenant de cette région étaient justifiées. Il n’y a pas eu de délocalisation aussi massive cette fois, « mais la façon de travailler en pop-up newsroom nous a été bénéfique », assure Catalina Albeanu.
Valérie Bridard